Deux Canadiens sur cinq développent un cancer au cours de leur vie, ce qui affecte forcément leur situation financière. Que faire lorsqu’un de vos clients tombe malade ? Surtout, ne pas agir dans la précipitation, répondent vos confrères.
« Si l’on veut que le client nous écoute, il faut bien entendu être empathique, conseille Jean Dupriez, planificateur financier à Valimax. Mais il faut être capable de revenir très vite aux possibilités. Voilà ce que je recommande. Réussir à dire : maintenant, c’est ça qu’il faut faire. Ça vous fera peut-être mal, mais c’est ça qu’il faut faire. »
Et ça, c’est de ne surtout pas agir dans la précipitation, affirment les professionnels avec lesquels Conseiller s’est entretenu.
« Quand un client nous apprend qu’il est malade, au départ, on fait preuve d’écoute. On envoie une carte de prompt rétablissement et on lui propose un rendez-vous assez rapidement, explique Dominic Paquette, président fondateur de Partenaire-Conseils Groupe Financier. Ensuite, on va faire attention à ne pas chambarder tout ce qu’on avait mis en place. S’il veut tout défaire, on essaye d’être de bon conseil. On lui demande d’attendre trois mois avant de prendre des décisions. »
L’objectif premier lorsqu’un client tombe malade, c’est d’éliminer le stress financier. De le rassurer. On va refaire les hypothèses, revoir la situation, toujours avec une approche globale à la fois légale, fiscale et financière.
PERTE DE REVENUS ET FRAIS SUPPLÉMENTAIRES
Pour y parvenir, il est nécessaire de partir à la cueillette du maximum d’informations possible. À commencer par savoir qui sera l’intervenant décisionnel : le malade lui-même, un mandataire en vertu d’une procuration générale ou restreinte, le conjoint, un enfant ?
Il faut ensuite vérifier les droits aux prestations d’invalidité des régimes d’État – assurance emploi, CSST, SAAQ, Retraite Québec – et ceux des régimes privés, tant du côté des assurances collectives qu’individuelles. Établir les ressources financières disponibles du malade, vérifier le plan d’interventions médicales à venir, établir les coûts, évaluer les droits du malade à se faire rembourser ses frais médicaux – RAMQ, police d’assurance collective ou assurance individuelle – et, le cas échéant, les autres façons de financer les soins. Le malade a-t-il droit au crédit d’impôt pour personnes handicapées tant au fédéral qu’au Québec ? À des services externes de la part d’un CLSC ou d’organismes à but non lucratif ?
« On va aussi mettre à jour tous les documents juridiques, indique Gaétan Veillette, planificateur financier au Groupe Investors. Vérifier la procuration générale et le mandat en cas d’inaptitude, le ou les testaments établis tant au Canada qu’à l’étranger, les conventions d’union de fait. Existe-t-il une procuration relative à l’acharnement diagnostique ou thérapeutique, aux transplantations, aux prélèvements ou au don d’organes ? »
« On va aussi mettre à jour tous les documents légaux. Vérifier la procuration générale et le mandat en cas d’inaptitude, le ou les testaments établis tant au Canada qu’à l’étranger, les conventions d’union de fait. »
– Gaétan Veillette
Mais ce qui inquiète finalement le plus le client lorsque le diagnostic n’est pas fatal, ce sont les risques financiers encourus : perte d’emploi, perte de clients, notamment dans le cas des travailleurs autonomes, faillite, saisie, perte de fonctions publiques pour le personnel politique ou encore les administrateurs d’un conseil d’administration, modifications à l’habitat, changement de résidence, acquisition d’un véhicule adapté, d’une chaise roulante électrique, d’un triporteur ou d’un lit adapté, services de soins personnels, etc. Il y a d’un côté bien souvent une perte de revenus et, de l’autre, des frais supplémentaires.
« Selon la situation, le conseiller peut proposer plusieurs concepts et stratégies, explique M. Veillette. Défiscaliser progressivement le patrimoine – retraits du REER, disposition d’actif, gains en capital –, prendre une marge de crédit hypothécaire, identifier des aidants naturels qui peuvent être admissibles au crédit d’impôt pour aidant naturel, enclencher les prestations du Régime de pension agréé (RPA) et demander les rentes des régimes d’État comme le Régime de rentes du Québec (RRQ), le programme de Sécurité de la vieillesse (PSV), le Supplément de revenu garanti (SRG), etc. »
Un Canadien sur quatre mourra du cancer, et autres statistiques
Sources : Statistiques canadiennes sur le cancer 2016, Statistique Canada, Agence de la santé publique du Canada.